RIM : « 13% des développeurs ont gagné plus de 100.000 $ sur l'AppWord »
Qt, open-source et nouveaux outils de développement au menu du BlackBerry DevCon Europe

RIM sonne la charge. Au BlackBerry DevCon 2012, sa conférence dédiée aux développeurs qui se tient actuellement à Amsterdam, le constructeur le dit haut et fort, il en a assez de son soit-disant « déclin ».

Pour le prouver, il n'hésite d'ailleurs pas à rompre avec sa traditionnelle discrétion sur les chiffres.

« Nous sommes numéro 1 au Royaume-Uni, en Hollande, en Arabie Saoudite, au Koweit, aux Émirats Arabes Unis et Afrique du Sud » lance Heins Thorsten, nouveau PDG allemand de RIM, fier et confiant dans une chemise siglée BlackBerry.



RIM peut compter sur une communauté de 6 millions de développeurs en Europe. Il a vendu 180 millions d'appareils et, sûr de la valeur de son PlayBook, a distribué 25.000 tablettes maison à son écosystème.

Chaque jour, toujours d'après le PDG, 6 millions d'applications seraient téléchargées sur l'App World (« un chiffre en progression de 25 % »). En tout, la galerie totaliserait les deux milliards de téléchargements et vient de dépasser la barre des 60.000 applications.

Mais l'essentiel est ailleurs. RIM et BlackBerry ont une particularité. « 13% des développeurs ont gagné plus de 100.000 $ sur l'AppWord », contre « seulement 1% des développeurs mobiles en général ».

« C'est plus que n'importe quelle autre plateforme », assène le PDG qui passe la main à son Vice Président en charge des relations avec les développeurs, Alec Saunders.



Le dirigeant anglais ne change pas de ton. S'il reconnaît que RIM vient de connaître une période de turbulence, c'est pour mieux marteler que les choses ont changé. En bien.

« Nous avons beaucoup travaillé pour que cela soit plus simple et plus amusant de développer pour BlackBerry ». Un site - qui centralise les outils et leurs fiches de prise en main - et des micro-sites pour chaque technologie - ont par exemple été ouverts hier.



Surprise du jour pour les uns, confirmation d'une information à moitié connue pour les autres, Alec Saunders annonce un partenariat avec Qt. « Nous voulons devenir la meilleure plateforme pour le framework », avance le dirigeant de RIM au moment d'accueillir sur scène Lars Knoll, Qt Chief Architect de... Nokia.



Qt Quick et Qt Creator (l'IDE) intègrent donc l'univers BlackBerry, ainsi que le « coeur de la technologie » de Qt sur lequel s'appuie le framework de prédilection de l'UI du futur BlackBerry OS 10 : Cascades.



Alec Saunders en profite au passage pour réitérer l'engagement du constructeur dans l'open-source (jQuery, PhoneGap, Unity/Marmelade pour les jeux, Alicejs pour les UI, Sencha, etc.), et le HTML 5 pour les applications Web. « Vous avez des tonnes et des tonnes d'outils open-sources avec lesquels travailler », constate-t-il.





Chaud comme la braise, le développeur continue sa prestation en tordant le cou à plusieurs « mythes » dont BlackBerry serait selon lui victime.

« Les développeurs BlackBerry ne font pas d'argent ? ». Faux, répond-il. AppWorld génère 40% de revenus de plus que l'Android Market. Seul l'AppStore est plus profitable (dans le sens du revenu global généré).

« Les utilisateurs de BlackBerry ne téléchargent pas d'applications ? ». Encore faux. Pour lui, ceux-ci consomment en moyenne 30 applications par an. Ce qui représenterait 43% de téléchargements de plus par application que sur l'AppStore. Et quasiment que des payantes...

« BlackBerry sombre ? ». Archi-faux conclut Alec Saunders sur un slide qui se veut sans équivoque :



« Beaucoup d'entre vous nous ont dit qu'ils avaient eu du mal à comprendre notre stratégie, et c'était un peu normal. Nous en sommes désolés ». Là encore, d'après lui, les choses ont changé. Tout serait remis en ordre dans la maison Research In Motion.

Avec un App World 3.1 revisité (possibilité de faire des cadeaux, de filtrer des recherches en fonction des notes d'évaluation, etc.), le prochain BlackBerry 10 et ses futurs outils de développement, l'avenir serait beaucoup plus clair et prometteur que ce que ses concurrents et les analystes veulent bien dire.

Concrètement, BlackBerry 10 (notez la disparition de "OS" entre le nom et le numéro pour bien marquer la rupture) mettra beaucoup plus en avant le runtime Android et les fonctionnalités de partage social (via BlackBerry Messenger Social, qui s'ouvre aux développeurs pour qu'ils puissent l'intégrer à leurs propres applications).



Le futur OS sera également rétro-compatible avec les applications créées aujourd'hui. Une bonne nouvelle car BlackBerry 10 n'est pas attendu avant la fin de l'année 2012. D'ici là RIM compte tenir sur le marché avec les 7 terminaux qu'il a lancés ces dernières semaines. Et avec sa (prometteuse) PlayBook.



Le constructeur Canadien rentre-t-il dans l'ère de la reconquête, notamment du marché US ?

Il est encore trop tôt pour le dire, même si les bases présentées aujourd'hui sont très prometteuses.

Pour Alec Saunders, en tout cas, l'heure est à la transparence et à l'écoute. « Envoyez moi un mail si vous trouvez que ce qu'on fait n'est pas assez bien, ou ne va pas dans la bonne direction ». Et de donner publiquement son adresse, affichée en lettres immenses sur l'écran de la salle principale du FAI d'Amsterdam : alec.saunders[at]rim.com.

Sources: BlackBerry DevCon Europe, le 07/02/2012, images Developpez.com sous Creative Commons