Mon opinion d'"immigré à moitié", parce qu'être Britannique ou Zimbabwéen, ça ne donne pas le même status légal (je peux même voter au municipales).
Sur les résultats: aucune surprise pour moi. L'ordre du trio de tête était prévisible avant le début de la campagne. Petite deception pour Mélenchon et Bayrou peut-être, Joly était un choix désastreux pour un parti dont l'idéologie est à mille lieux des préoccupations et du quotidien de son peuple.
Marine le Pen a travaillé pour dédiaboliser son parti mais elle profite aussi de ce qui a toujours fait la force du FN et ne fait que s'amplifier: non pas la caricature qui veut qu'ils "disent tout haut ce que les gens pensent tout bas" mais qu'ils ont au moins le mérite de se positioner sur des sujets sensibles que les autres préfèrent éviter. La campagne a été navrante a cause du grand nombre de problèmes qui n'ont pas été abordés par les (autres) principaux partis.
Les positions de MLP sont souvent à la limite du débile, mais au moins elle reconnait que ces problèmes existent. Il faudrait que les autres arrêtent la politique de l'autruche et la recherche du consensus à tout prix, pour prendre position franchement sur les sujets qui fachent. C'est à ce prix-là qu'une abstention de 20% pourrait redevenir énorme.
Jean-Luc Mélenchon part de très bas mais a fait une très bonne campagne. Il a su aborder lui aussi certains sujets sensibles, mais au final à mon avis il a plus gagné de voix du côté des abstentionistes que du côté des ouvriers qui votent FN, sa cible de campagne déclarée. Il a remobilisé une gauche dure en berne par sa stratégie de meetings massifs, qui visaient à demontrer qu'un vote Mélenchon n'est pas un vote marginal.
Cependant, il me semble que sa stratégie visaient avant tout les législatives. En faisant une démonstration de force à la présidentielle, il veux lancer son parti avec élan dans les légilsatives. Dans cette optique, il n'a qu'a moitié réussi. Un score de 15% avec MLP moins bien placée, idéalement derrière lui, aurait été bien mieux pour le FG.
Il me semble que le résultat réaliste idéal pour le FG reste un PS en majorité relative à l'Assemblée, obligé de s'allier avec un bloc parlementaire FG puissant. Cela permettrait au FG de faire passer une partie de ses réformes et d'emettre un veto sur les mesures les plus centristes du PS.
François Bayrou n'a jamais pu récuperer de sa perte de médiatisation, d'élus et de militants depuis 2007. Il n'a pas pu ou su dicter des thèmes forts à la campagne, même son "produire en France" ne s'est pas vraiment démarqué des thématiques de gauche, comme la "banque de l'industrie" de Hollande.
Au final il n'a pas pu construire un centre puissant et autonome, et les périodes de crise étant propices à la radicalisation, je ne pense pas qu'il y arrivera.
François Hollande a fait dans l'ensemble une bonne campagne. S'il n'aura sans doute jamais le charisme qui plaît tant aux élécteurs, il s'est néanmoins transformé pour devenir "présidentiable", et mérite un grand respect pour cela. Il a mieux traité les thématiques importantes et s'est positionné plus clairement à gauche que Ségolène Royal en 2007, et a logiquement été recompensé par un meilleur score.
Cependant, si certaines mesures avant tout symboliques lui permettent de s'ancrer à gauche, au final je trouve intéressant que la différence de physiques entre Hollande et Mélenchon reflète bien leurs programmes: si Mélenchon est la gauche dure, Hollande est la gauche molle.
Pour finir, Sarkozy a fait un mauvais quinquennat et en paie le prix. La crise n'est pas de sa faute, le volte-face entre le plan de relance et celui de rigueur, par contre, n'est imputable qu'à son gouvernement. Cette inconstance, certes partagée par d'atures gouvernements, revient à faire augmenter la dette sans bénéficier durablement des investissements (puisque le plan de rigueur vient les contrer).
Malgré qu'il soit de droite, sa personnalité et quelques positions scabreuses l'empêchent d'avoir une bonne image en dehors de votre pays. Sa campagne n'a pas été bonne, les positions de plus en plus nationalistes n'ont pas convaincu les partisans du FN et la défence de son quinquennat n'a pas convaincu la majorité.
Pour le deuxième tour, Hollande a un grand avantage. La gauche dure va voter pour lui par rejet de la droite, tandit que l'éléctorat FN rejette à la fois la gauche et l'UMP; les partisans de MLP seront, je pense, nombreux à s'abstenir au deuxième tour. Sarkozy va sans doute vouloir jouer sur sa personnalité, plus aggressive que celle de Hollande (cf. sa volonté de multiplier les débats) mais il risque de voir toutes les autres composantes de l'échiquier politique se liguer contre lui.
Sur la xénophobie: en France, elle s'exprime aux elections mais le Mail ou le Telegraph serait sanctionnés pour leurs articles racistes, au Royaume-Uni c'est le contraire, les opinion xénophobes voir racistes sont exprimées plus ouvertement mais le BNP n'arrive pas à la cheville du FN (quoiqu'il progresse aussi). Je ne pense pas que vous devriez avoir particulièrement honte.
L'immigration est un sujet sensible qui n'est pas assez abordé ouvertement et trop souvent par des caricatures. Des phrases comme:
Sont aussi caricaturales que la vision véhiculée par le FN. C'était sans doute vrai historiquement, aujourd'hui ça ne l'est pas: même si les immigrés sont nombreux à occuper des postes ingrats, ils sont aussi très nombreux à être ingénieurs, techniciens ou petits cadres.Citation:
Oui, mais l'étudiant est au degré zéro de la réflexion : en aucun cas il ne voudrait des emplois occupés par ses "étrangers".
J'explique la montée de la xénophobie dans nos pays, et sa relative absence dans d'autres, par ce que j'appele un "choc migratoire": l'arrivée d'un grand nombre d'immigré formant des communautés homogènes, endogammes, ne s'intégrant pas. Cela engendre forcement des réactions diffèrentes de l'arrivée d'un petit nombre d'immgrés qui se fondent dans la masse, ou même d'un grand nombre d'immigrés disparates, exogammes par la force des choses, qui s'intégreront aussi.
On peut constater des choc migratoires même entre des peuples très proches, lorsque le flux est réellement massifs. Ainsi l'exode Palestinniene après la Nakbah a mené les réfugiés dans des camps. Aujourd'hui encore, bien que très proche culturellement et linguistiquement des Egyptiens, Libanais ou Syriens, la majorité des Palestiniens vivent dans des camps, séparés des peuples hôtes.
De leur côté les Israëliens ont connu un phénomène similaire avec les Mizrahim, les Juifs du Proche-Orient; aujourd'hui encore l'intégration est limitée et Israël dominé par les Ashkenazes, les Juifs d'Europe.
De plus, les problèmes posés par l'immigration sont plus réels que nous aimons l'admettre. Certes, les théories du complot qui voyent un "invasion Musulmane" ou que-sais-je d'autre relèvent du pur délire.
Néanmoins, tout les pays multiculturels ou multiconfessionels de longue date ont connus des violences ethniques: la Chine, la Turquie, le Liban, la Yougoslavie, une grande partie de l'Afrique, l'Indonésie, l'Inde, les Philippines etc. Même la Suisse n'a connu sa dernière guerre de religion qu'il y a 150 ans, ce n'est pas si lointain que cela (et surtout, c'est sans doute la baisse d'importance de la foi qui en a empêché d'autres).
Il y a quelques raisons de croire que l'Europe du 21ème siècle sera plus apaisée, mais c'est loin d'être guaranti qu'on échappe à cette tendance. Surtout, ce n'est pas en niant les problèmes qu'on y échappera.
Cependant, nous ne pouvons pas non plus nous passer d'immigration dans l'état actuelle de nos démographies. La diabolisation des immigrés ne fait qu'accentuer les problèmes, tandit qu'a gauche la politique de l'autruche est consternante. Nier les problèmes fait, encore une fois, le lit de l'extrème-droite.
Sur les médias: ce sont des médias privés, et des médias publics à qui l'on demande une certaine rentabilité et un modèle toujours plus proche de celui du privé, réputé plus éfficace. Ils se concentrent sur ce qui fait vendre des journeaux ou augmenter l'audimat, ainsi que sur la défence des intérêts des propriétaires de médias; ainsi Direct Matin (groupe Bolloré Médias) va naturellement être plus favorable à Sarkozy.
Au Royaume-Uni, la BBC (radio et télévision publique) est certes connue pour sa grande qualité. Néanmoins, elle est financée par une redevance bien plus importante qu'en France, impôt regressif qui frappe durement les ménages ouvriers alors que ce sont les classes moyennes et supérieures qui regardent la BBC. Faire subventionner les médias des gens aisés par les plus pauvres qui ne les regardent pas, ce n'est pas vraiment un brilliant exemple de justice sociale.
Sur l'éducation économique: c'est vrai que ça n'est pas particulièrement brilliant en France. En même temps, quand je vois le taux d'intérêts des OAT 10 ans qui prend quasi 80 points de base parce que Sarkozy n'arrive pas en tête du premier tour, je me demande si ce n'est pas mieux pour la démocratie :aie: