(Je mets en gras les points auxquels je réponds tout en quotant l'ensemble pour plus de lisibilité et de compr)
Effectivement la révolution n'est pas un pique-nique et les effets qu'elle produit, positifs comme négatifs, sont proportionnels à la radicalité du concept lui-même : une révolution, au sens politique, c'est un "changement brusque, d'ordre économique, moral, culturel, qui se produit dans une société" (cf. LAROUSSE). La brutalité et la violence sont presque inhérents au concept car il me semble assez évident que le système dominant en place (celui qui subit la révolte) use de toute son autorité et de tous ses pouvoirs contre la dynamique révolutionnaire, d'une part pour défendre ses intérêts propres et d'autre part pour défendre ce qu'il considère être l'intérêt collectif (les deux étant liés, ça semble assez évident).
Et je précise qu'il est naturel qu'il le fasse ainsi, car c'est précisément ce que la société attend de lui : être le garant du cadre en place pour assurer une certaine continuité de la société qui nous "garantit" (dans une certaine mesure) des conditions de vie plus adéquates que si on se contentait du chacun pour soi. Ça c'est la théorie abstraite, car dans la pratique on sera probablement tous d'accord pour dire que ce garant (càd les institutions au sens très large du terme) a toujours une vision de la réalité qui est plus ou moins biaisée par un certains nombre de facteurs (ex: notre système politique "représentatif").
Or quand ce biais de perception de la réalité est trop fort, les solutions destinées à s'occuper de l'intérêt général (sauf heureux hasard...) produiront très souvent tous les effets exactement contraires aux objectifs annoncés (et annoncés de bonne foi encore une fois !). Dans ce cas-là, la dynamique insurrectionnelle me semble tout à faire légitime car le garant ne rempli plus son rôle pour lequel il existe, ce qu'il ne peut pas voir "de lui-même", et donc s'engage un rapport de force.
Ceci dit, il faut effectivement ne pas se raconter d'histoire : l'instabilité créée est une porte ouverte à la récupération et au détournement de l'intention initiale (cf. "toutes" les révolutions passées), mais il faudrait d'après moi dire deux choses :
- En être conscient permet d'anticiper et force donc à imaginer des moyens pour limiter la probabilité que ça soit effectivement le cas
- Ce risque (très probable mais pas certain) ne doit pas être le joker argumentaire justifiant d'accepter n'importe quel effet indésirable qui serait provoqué par le défaut de réalisme de nos institutions, tout au contraire
Il y a plusieurs choses à dire et je vais essayer d'être synthétique :
- Revoir notre copie comme tu dis, ne signifie pas revenir à l'âge de pierre ou passer en mode Corée du Nord. Je pense que l'être humain est tout à fait capable d'adopter des positions intermédiaires entre le mondialisme/néolibéralisme à outrance et le retour au moyen âge (et pitié sans en appeler à la morale et à la vertu des être humains, il faut regarder la réalité en face : ça n'a jusqu'ici produit tellement que tellement peu d'effets désirables qu'il est vain d'en espérer quoi que ce soit de plus).
- En quoi l'économie serait une construction sociale transcendante pour les être humains ? Pourquoi avons-nous autant de difficultés à remettre en cause l'économie, dans sa configuration actuelle, alors même qu'ele est la source de tous les effets indésirables et d'un bon nombre de nos craintes ? Encore une fois, remettre en cause n'est pas synonyme de "faire "disparaître l'économie, faire disparaître la monnaie, etc.", seulement de se poser la question de "pourquoi elle existe dans cette configuration là et qu'est-ce qu'elle nous apporte de bien et de moins bien ?". (je réponds plus à des messages que j'ai lus dans les pages précédentes qu'au tient, mais ça fait le lien comme ça)
- C'est sur que si un jour on "envoie bouler le système" et donc nos dettes etc, ça ne va pas faire plaisir à ceux dont les intérêts sont garantis par le système et il est certains qu'ils feront tout l eur possible pour les défendre. Ceci dit, dans une démocratie ce devrait être les intérêts de la majorité qui priment légitimement, donc quand on dit ça... les 2000 milliards de dette, etc... ça ne pèse plus très lourd nan ?
Facile non, possible oui. Lis Spinoza et probablement que tes craintes se dissiperont.
Perso j'ai mis des à certains de tes messages car je trouve que c'est une manière, certes imparfaite, mais qui permet a minima de signifier son opposition à ce que contient le message ; de la même manière que les permettent de faire le contraire. Ce qui permet en définitif de pondérer la réception des messages (positivement/négativement) chez ceux qui les ont lus mais qui n'ont pas forcément envie ou le temps de poster des messages pour le dire. Enfin parler de "lynchage" me semble excessif et inadéquat car ça sous-entend (à mes yeux) que ceux qui expriment leur opinion sans répondre dans la discussion sont forcément des lâches ce qui n'est probablement pas vrai, qui plus est compte tenu que nous discutons en ligne et derrière des pseudos.
Personne ne dit qu'il est simple d'entreprendre, ni en France ni ailleurs. Seulement ces difficultés doivent répartie de manière équitable, c'est à dire à proportion des efforts et des contributions de chacun, ainsi que du risque personnel pris par chacun.
Oui le patron prend des risques que les salariés ne prennent pas et il me semble donc légitime que ce risque soit récompensé quand l'entreprise fonctionne. Mais deux choses :
- Il ne peut pas faire peser ce risque sur ces salariés car sauf rares exceptions, ces derniers ne seront jamais récompensés à hauteur de ce risque lorsque l'entreprise fonctionne (ce qui est "normal" en l'état car ils ne prennent pas ce risque).
- Le patron a besoin de ses salariés pour entreprendre, les salariés ont besoin du salaire et non pas du patron lui-même (même si encore une fois c'est une relation d'inter-dépendance, car dans la configuration actuelle du capitalisme, la grande majorité d'entre nous obtient un salaire du patron qui l'emploie)
En complément de ce que je dis juste avant : l'activité n'est pas créée ex nihilo par le simple effort d'un patron, mais par un système de rapports complexes de dépendance (la patron a besoin des salariés pour entreprendre, les salariés ont besoin d'avoir un salaire pour vivre). Je rejoins ceux qui pensent que le rapport salariat est un rapport de chantage : le rapport de force est fondamentalement inégal car si tu n'as pas de salaire, dans la plupart des cas, cela précarise tout simplement ta survie car le salaire (et donc la monnaie) est le moyen quasi unique permettant d'accéder à des ressources qui nous permettent de boire/manger suffisamment, de s'habiller et de dormir en sécurité/au chaud (le minimum vital). Or c'est le patron qui "possède" ce moyen quasi unique nécessaire à notre survie, et il peut donc imposer ses conditions plus facilement que le contraire, ce qui n'est évidemment pas acceptable ("les hommes naissent libres et égaux en droits", tout ça...).
Tout est une question de perception de la réalité et de proportionnalité : on ne perçoit la réalité qu'à travers nos expériences propres et pourtant on considère tous que nos seules expériences sont suffisantes pour avoir une vision adéquate de la réalité. C'est tout à fait naturel (on peut peut pas être omniscient ni omnipotent) donc le seul jugement à propos de ce fait devrait porter sur ses effets produits et non sur un plan moral (ça n'a pas de sens de juger bien ou mal un phénomène naturel...).
Or dans le rapport salarial par exemple, ce phénomène est problématique car cette représentation biaisée de la réalité fait que globalement le patron sous-évalue les efforts et le "mérite" de ses salariés, ce qui se traduit trop souvent par des rétributions (en autres les salaires) qui ne sont pas proportionnés à l'implication personnelle des salariés ou à la valeur du travail qu'ils effectuent, même lorsque la rentabilité financière de l'activité est là. On va me répondre que le contraire est vrai et que les salariés sur-évalue trop souvent tout cela et qu'ils ne tiennent pas assez compte de la réalité de la situation, et oui c'est tout aussi vrai et leur vision des choses est probablement tout aussi biaisée par leurs expériences singulières. Seulement le rapport de dépendance n'est pas équivalent pour autant, car pour les salariés, l'équation est souvent la suivante : pas de salaire = pas de monnaie = survie remise en question => je m'aligne sur les conditions de celui (le patron) qui possède la solution à cette équation, et ce quelles que soient ces conditions si ma situation se rapproche de l'urgence pour survivre.
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