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Word Discussion :

Sérieux problème d'encodage sur Word


Sujet :

Word

  1. #1
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    Par défaut Sérieux problème d'encodage sur Word
    Bonsoir à tous.
    Voici mon cas : suite à une malencontreuse manipulation, j'ai effacé un important document d'environ 2 Mo au format .doc.
    Après avoir bien pris le soin de vider ma corbeille , je me suis trouvé fort dépourvu...
    J'ai pu toutefois récupérer l'ensemble du doc grâce à Recuva mais dans une espèce de bouillie informe de signes qui ne supporte aucun encodage (je les ai vraiment tous essayés) et dont je vous donne un premier aperçu :

    m¬sE›‘ *5õ+\îfÄ=Î,7ìõì¶8ß €‹ Ͷµ²!Õ ²“=b‹zöVÆÇÅ gÜz¹{j — .oüÁX(-K\ð|Uy†|)ù 9ÝŽ’ªN¹ƒÏ¥ W›C n6d“LÊ c1VÛeqéëÌ zÃÔTn:Àï ‘„y•ØÇ x\Ç`p +E ²ÕêÛNˆZ®„oc$š*‹b…>)âR• Üt¼Å¥gƒÓ˜[ DŒBÑîüa¦ÿJK¯ô? cúƒš»7fÖ™80Z
    xÕ+<^g]Ôÿ=Ž¢£¬Úº“™Ô¾¡3hú4 ‡÷uA˜§ ×ú
    ú¼ …‹ÝˆFÅ¿¢ F'#›Å£ Ëd²Ì xôoÌT¤ëùýHLjlsoe‘
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    þ¬ý ƒ ±)rñæ‡Êƒڢä
    ôFþ2¹£®Ï´¡¦a ^ /qs0)ȳÀ¼¬eZð¥Ï§•
    Ù
    <.~3(|

    Le document qui représentait 300 pages en fait maintenant plus de 4000 remplies de ces hiéroglyphes...
    Quelqu'un peut-il m'aider ? Pour tout vous dire, il s'agit d'un roman qui représente environ 5 années de travail et auquel je tiens beaucoup.
    Par avance merci pour votre aide.
    Thomas.

  2. #2
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    Avatar de kiki29
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    Salut, il y a des forums mieux adaptés pour poser ces questions : Word et VBA Word

    On n'apprend que de ses erreurs, d'ou l'importance des backups.

  3. #3
    Rédacteur/Modérateur

    Avatar de Heureux-oli
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    Salut,

    Je pense que ton document est corrompu.
    La raison la plus fréquente est l'utilisation d'un média amovible pour la sauvegarde du document comme une clé USB.

    Je pense que tu es au bout.
    J'ai pas encore de décodeur, alors, postez en clair ! Comment mettre une balise de code ?
    Débutez en VBA

    Mes articles


    Dans un MP, vous pouvez me dire que je suis beau, ... mais si c'est une question technique je ne la lis pas ! Vous êtes prévenus !

  4. #4
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    Bonsoir
    Merci pour ta réponse.
    Il ne s'agit pourtant pas d'un fichier ayant transité par média amovible. Lorsque tu dis "corrompu", veux-tu dire qu'il n'y a plus rien à faire ?
    C'est peut-être idiot mais je pense au travail de fourmi que fait parfois la police sur des disques durs afin de retrouver des preuves. Un tel travail est-il encore possible ? Un informaticien est-il capable de ré-encoder ce genre de signes ?
    Naïvement vôtre...

  5. #5
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    Bonsoir,

    je vais essayer de t'expliquer l'étendue des dégats.
    Un disque dur neuf et vierge c'est comme une K7 audio vierge : tu enregistres des chansons sur la K7 et elles se mettent à la queue leu leu, OK ?
    Ben le DD c'est pareil : après formattage (= création d'une table des matières vierge pour l'instant), chaque fichier copié l'est à la suite du précédent, avec une entrée dans la table des matières pour les retrouver.
    Tu vas donc avoir sur le DD :
    fic1 fic2 fic3 fic4 fic5
    Ton problème, c'est que si tu supprimes fic3 par exemple, les données de fic3 sont toujours au même endroit sur le DD, c'est juste l'entrée dans la table des matières pointant vers fic3 qui est positionnée comme "emplacement libre".
    Ce qui fait que si ensuite tu veux créer fic6, le système d'exploitation va regarder dans la table des matières à la recherche d'un emplacement libre, et le premier qu'il trouve c'est celui de fic3 : à ce moment, les données de fic6 vont réellement remplacer celles de fic3, en totalité si la taille de fic6 est égale ou supérieure (auquel cas ce qui "dépasse" sera mis au prochain emplacement disponible) à celle de fic3.
    Si la taille est inférieure, il restera des bouts de fic3 après fic6, mais ils seront écrasés à l'enregistrement de fic7, par exemple.
    Au final tu auras
    fic1 fic2 fic6 fin_de_fic3 fic4 fic5
    puis
    fic1 fic2 fic6 début_de_fic7 fic4 fic5 suite_de_fic7


    Dans ton cas, on peut supposer qu'après l'effacement de ton doc Word et le vidage de la corbeille (= vraie suppression), te rendant compte de ton erreur tu es parti sur le web à la recherche d'infos. Correct ?
    Mais le parcours du web impose au navigateur de charger moult fichiers (images, scripts, etc.), qui vont être enregistrés dans les emplacements libres du disque, donc sur les zones notées comme "libres" de ton ancien (puisqu'effacé !) document...

    Les hiéroglyphes que tu nous présentes ressemblent beaucoup au contenu des fichiers images (jpeg, gif, etc.)

    Citation Envoyé par Allanfoe Voir le message
    C'est peut-être idiot mais je pense au travail de fourmi que fait parfois la police sur des disques durs afin de retrouver des preuves. Un tel travail est-il encore possible ? Un informaticien est-il capable de ré-encoder ce genre de signes ?
    Naïvement vôtre...
    Alors peut-être que certains organismes spécialisés sont capables de faire remonter, du magnétisme enfoui en profondeur dans les plateaux d'un disque, des informations que l'utilisateur lambda ne peut pas retrouver, en ce qui me concerne j'en ai entendu parler mais n'ai jamais rien vu de concret ; une chose est sure, si ça existe, ça va surement te coûter un bras ou deux, et les jambes, et les yeux pour faire bonne mesure.

    Quant à réencoder ce genre de signes, ben tu vas te retrouver avec les fichiers images dont j'ai parlé. En règle générale, en cas d'effacement accidentel, dès qu'on s'en rend compte on arrache la prise de courant et on ne touche plus à la machine tant qu'on n'est pas équipé pour intervenir.
    Ensuite on enlève le disque pour le monter en "esclave" sur une autre machine qui servira à l'analyser.

    Désolé pour ton roman...
    Il a à vivre sa vie comme ça et il est mûr sur ce mur se creusant la tête : peutêtre qu'il peut être sûr, etc.
    Oui, je milite pour l'orthographe et le respect du trait d'union à l'impératif.
    Après avoir posté, relisez-vous ! Et en cas d'erreur ou d'oubli, il existe un bouton « Modifier », à utiliser sans modération
    On a des lois pour protéger les remboursements aux faiseurs d’argent. On n’en a pas pour empêcher un être humain de mourir de misère.
    Mes 2 cts,
    --
    jp

  6. #6
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    Merci pour cet éclairage expert et on ne peut plus concret.
    Je crains avoir compris la triste réalité de la situation.

  7. #7
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    Un grand merci pour l'aide à tous les petits béotiens sur lesquels vous prenez le temps et la peine de vous pencher.
    Thomas.
    Voici les seules pages que j'ai pu sauver.

    Evangile




    Faudrait se lever tôt ! Aux aurores, je dirais ! Pas avoir la trouille de se retrousser les manches ! Trouver la bête ! Ecumer bistrots, hôpitaux, cimetières ! S’assurer que l’olibrius se serait pas mis au vert ! aurait pas foutu le camp pour de bon ! Assommé ! Rassasié ! Plein le fond de commerce ! De vous à moi, on comprendrait…
    Peuh, pas de bile… Pouvez y aller… Pouvez zyeuter où ça vous chante. Reluquez sous votre tapis tant que vous y êtes… Pas la queue d’un ! Bernique ! Rien de plus compliqué par les temps qui courent ! Oh, je vous vois…
    – Mais bon sang, de qui qu’y cause à la fin ?! – Personne. Tout le monde, quoi. Je dis juste qu’il n’y a rien de plus laborieux sur cette terre que de croiser un seul pauvre type à qui le bon Dieu aurait soudainement et curieusement décidé de foutre la paix...
    Entendez, le genre d’énergumène qui se la coulerait douce. Qui se paierait le luxe comme ça de ne jamais rendre de comptes. Ni à son négrier, ni à qui que ce soit. Qui s’en paierait une bonne tranche, là, au nez et à la barbe de son siècle. Agrippé au zinc, éclusant comme un chancre, vous vous demanderiez d’où lui vient ce sourire de soûlaud satisfait. Vous ne vous feriez pas beaucoup d’illusion sur ce qu’il fabrique de son temps libre… Seriez à des lustres de vous imaginer qu’il puisse le consacrer à quelque chose comme… comme la composition d’un superbe requiem, tenez. En ut mineur, s’il vous plaît ! Avec Lacrymosa à la gloire du Christ ! Et pourtant…

    Pourtant, notre zèbre sait bien que la fraîche tombe pas des cieux. Alors il s’y est mis. Comme vous, comme moi. Pas de gaîté de cœur, en somme… Il veille depuis peu à ce que les affaires de x et y tournent rond ; ces mêmes oiseaux qui n’ont jamais été là pour lui. En aucune occasion. Pas même lorsque notre homme roulait dans quelque caniveau et injuriait le Ciel de ses dernières forces.
    Ça doit se lever, braver le froid, la foule et les ennuis, un homme, quand son seul souhait serait peut-être de roupiller au fond de son lit ou de s’enfoncer doucement dans l’éternité d’un con bien profond, et bien humide.
    Un homme doit gagner son pain, que cela le plonge un peu plus chaque jour dans le désespoir ou lui fasse pousser des edelweiss au beau milieu des fesses. Ajoutez à cela peut-être quelques dettes ou la mort récente d’un bon copain, il y a encore peu de chances pour que sa moitié lui laisse le moindre répit lorsqu’il rentrera péniblement de son âpre journée de lutte. Quand ce ne sont pas d’autres tracas qui le contraignent à la selle toutes les trente secondes. Tout cela sous l’œil rond et bienveillant du Tout-Puissant.

    Il est en dépit de cela quelques spécimens qui, pour ne pas être de mauvaise volonté, n’en aspirent pas moins à quelque trêve. Imaginez alors seulement un seul de ces pauvres bougres, qui n’aurait pour toute consolation que de vivre seul, retiré quelque part, loin, le plus loin possible de tous ceux que l’on nomme ses semblables. Alors peut-être que ce pauvre type ne rêve plus que d’une chose : que toute cette foire d’empoigne crève d’une seule traite, et que la volupté du silence retombe sur terre comme la pluie rédemptrice de tous nos péchés.
    Faute de quoi, les jours du saint-repos-distillé tiendront la bride. Congés au compte-gouttes ! Pour eux, le festin. Nous autres, s’il y a des restes…
    Eh bien, figurez-vous que même si par un beau matin cette pauvre âme avait décidé de mettre le cap pour la lune avec pour seule compagnie un bel ouvrage de philosophie, eh bien, figurez-vous qu’il se trouverait peut-être là-haut un bon emmerdeur, là, en train de se blinder la tirelire avec du mauvais rouge, là, au beau milieu de la mer de la tranquillité. Tenez, il s’en trouverait sûrement même un autre pour s’asseoir à côté d’elle pendant tout le trajet et lui brosser le détail de toute sa maudite existence.
    Ce n’est pas de la faute de l’opportun, il y a d’ailleurs peu à parier qu’il y ait un vrai responsable dans toute cette histoire. Mais les faits sont là et la question reste entière : y a-t-il oui ou non une faute quelconque que dussent expier ces malheureux ?

    Voilà ce à quoi mes méninges s’affairaient tandis que je traversais Paris sous un cagnard abominable. Je me souviens de cet été où tout avait pris une tournure nouvelle, inespérée et démente. J’étais alors ivre de Nina plus que je ne l’avais jamais été d’aucune autre femme. M’aurait-on dit à l’époque que j’avais viré complètement dingue, tout cela eût été bien en dessous de la réalité.
    La chaleur était tout bonnement intenable. De si loin qu’on se souvienne, on n’avait pas essuyé pareil enfer, tout le monde cuisait sur le pavé comme de la carne et on en voyait tourner de l’œil à tous les coins de rues.
    Arrivé à l’angle du pont de Sully et du quai de la Tournelle, je manquai de m’écrouler. M’épongeant le front, je décidai de prendre place à l’ombre d’un arbre sur la première terrasse que je trouvai. Je passai commande puis dégrafai minutieusement sa photo de ma veste. D’elle, c’était tout ce que je possédais.
    Je la défroissai lentement, passai et repassai les bords écornés avec grand soin. Il était difficile de dire où elle avait pu être prise, le fond laisse vaguement apparaître le haut d’une chaise bleue et quelques striures dans du bois peint. Elle s’y tient au premier plan. Ses cheveux lui masquent un œil et l’une de ses épaules est nue, celle qui est le plus au fond.
    C’est vrai que c’était un peu braque d’avoir cousu l’image comme ça dans une poche intérieure pour la garder toujours contre moi. Toi mon ange, parfois je disais, mon tout petit, reste bien au chaud, va. Dehors, tout n’est que boucherie.
    Il y avait des jours où son absence m’anéantissait de la même façon qu’on presse un pou bien juteux du bout des ongles. Et n’ayant toujours pas de nouvelles après parfois plusieurs semaines d’une épouvantable attente, j’errais seul des jours entiers dans Paris, qu’il pleuve ou qu’il vente, hagard, les yeux ruisselants, jusqu’à ce que l’épuisement vienne mettre un terme à tout ce cirque. Ces jours à n’en plus finir, où tout espoir vous abandonne, où l’amour de Dieu lui-même n’y suffit plus, comment avais-je fait pour les traverser? Les nuits blanches, les virées, plus de quatre jours passés sans un clou dans le ventre, tout ça me rongeait le crâne comme de l’acide. Je me surprenais parfois à reluquer des foules entières de badauds, persuadé de ne pas pouvoir trouver quoi que ce soit d’humain sous les déguisements. Sûr que s’il m’avait pris de me jeter sur l’un d’entre eux pour lui arracher le costume, eh bien que je serais tombé là sur toute une horlogerie datant de l’après-guerre : balancier, roue crantée et ressorts, l’attirail au complet, avec je ne sais quel pourceau de démon ricanant à l’intérieur, s’escrimant de la cave au grenier pour piloter l’appareil. Je savais qu’à tout moment je pouvais mettre au grand jour l’entourloupe, l’attrape-couillon, et que tout aurait capoté illico. Alors je riais, seul. Et mon rire m’effrayait.

    D’autres fois, mes yeux se posaient sur la route avec cette dinguerie de me demander combien d’atomes pouvaient bien constituer ne serait-ce qu’une seule de ces bon Dieu de pierres formant la chaussée, puis toute la route elle-même, et ainsi de suite jusqu’aux étoiles les plus lointaines. Je ruminais pour un oui, pour un non, à m’en saigner la cervelle.
    Alors je me rendais à cette évidence que tout était parfait, monstrueusement, que la moindre parcelle du décor était aussi braque que nécessaire, et que même ces petites mouches à merde, s’affairant en troupe sur un bel étron fumant, elles aussi avaient le plein consentement de l’univers. Je me disais que toute chose était à sa place, qu’il était inutile de se révolter contre le moindre crime, qu’en un mot, il y avait prophétie.
    Je me souviens de ce temps comme de celui où j’étais convaincu d’avoir désespéré des hommes plus que ne l’avait jamais fait aucun autre avant moi. J’étais mort, me voyais avancer bien que mort, m’étant jeté corps et âme dans les livres que je tenais pour être les derniers remparts contre la folie qui me gagnait. Car je savais que j’allais devenir fou, le dingomètre à deux doigts de lâcher la rampe, tout cela me paraissait inévitable.
    Las, je ne voulais plus qu’une chose : en finir au plus vite, et dans le moins de souffrances possibles. Mais il faut bien reconnaître que se supprimer requiert un minimum de cran. Et rien ne me faisait alors plus défaut.
    Je laissais souvent mes écrits traîner sur le coin d’une table, là, bien en évidence, afin que quelqu’un, n’importe qui, puisse un jour tomber sur ces lignes au cas où il me serait arrivé quelque chose. La vérité au fond, c’est que la plupart d’entre nous digèrerait mal le fait d’être venu au monde en pure perte, juste pour les joyeuses du pape, je me trompe ?
    La vérité, c’est que le plan de tout ça a été tracé il y a des lustres, entre la constellation du Centaure, du Cygne et celle de Cassiopée. Hurlons aux fous, à l'imposture des dieux, nous n’y changerons pas la moindre ligne.



    Un soir d’abattement profond, je m’étais attablé dans un café bruyant et songeais au pire. Stygler s’était joint à moi. Il n’y avait bien que ce genre de type pour me consoler des hommes. Isaac était le messager de mondes inférieurs, je n’avais plus le moindre doute sur ce fait précis. La créature avait vu le jour au milieu des limbes et avait arpenté toute la route en sens inverse pour saluer le royaume des hommes. Le sombre empire, qu’y disait… Dieu ait son âme.
    On a commandé du blanc, et du bon ! Et puis des huîtres aussi ; et le tout glissait comme le bon velours sur le palais et sur la langue.
    A la fin, j’allongeai pour tout le monde. Et de bon cœur. Et de bon ventre aussi. Allez pas non plus croire que le type avait des oursins dans les poches, c’était pas le genre. Le problème, c’était qu’il lui fallait racler chaque mois tous les fonds de tiroir pour se payer cet atelier miteux tout au nord de Saint-Ouen, avec ses deux francs six sous de pension et le reste, restait pas bésef pour la galette, c’est vrai.
    C’était là, tout au fond d’une cour, tout près du square Abel Mézières où il nous arrivait de nous promener les gris dimanches ennuyés où nous nous ennuyions. C’était la belle époque, je me souviens.
    Ses modèles masculins posaient là dans ce capharnaüm, nuit et jour. – Les femmes m’intéressent moins, disait-il. – De l’avis de la plupart, ses sculptures ne valaient pas un clou, et il n’arriverait sans doute jamais à en vivre. Lui-même en convenait.
    Nous continuions à nous vouvoyer depuis notre première rencontre où d’emblée il m’avait demandé :


    « Vous pensez que je suis pédé, n’est-ce pas ? Que je suis de la jaquette ?

    – Oui, je le pense.
    – Vous avez raison, j’en suis. »
    Stygler avait mis un point d’honneur à ne jamais exhiber la moindre de ses œuvres. Toutes étaient soigneusement recouvertes sous d’immenses draps couverts de poussière où trônaient ses chats (du moins, le temps de mes visites) et effectivement, je ne sais toujours pas aujourd’hui de quoi il retourne.
    Je me souviens surtout de ses yeux, de ces deux opales qui semblaient vous jeter à la face que vous aussi, sûrement pas mieux qu’un autre, vous avanciez à tâtons dans la nuit, les deux bras devant, les mains inquiètes, lorgnant d’un œil suspect l’heure où vous descendriez chez les taupes. Que vous aussi, vous aviez toujours senti que rien de tout cela ne tenait le pavé. Rien. Zéro. Néant. Avec un arrière goût de fiente dans la bouche. Des yeux qui vous demandaient si vous aussi un jour, ça vous était pas passé par la tête l’envie de tout saloper d’essence, et vous et tout le décor qui va avec, allumette au bec. Tout arrive, c’est vrai.
    Notre dîner avalé, je m’étais mis à brûler quelques-uns de mes cheveux au-dessus de la photo de Nina et étalais les cendres sur la surface brillante.
    « Qu’est-ce que vous faîtes, me demanda-t-il un peu perplexe ?
    – Vous croyez à l’occulte, tous ces trucs ?
    – Hm… Pas vraiment… »
    J’embrassai la photo et la rangeai soigneusement dans la poche de ma veste.
    Nina et moi avions tellement pris l’habitude d’être éloignés l’un de l’autre, que l’absence et la distance étaient très vite devenues les deux grands traits de notre relation. Aurait-elle d’ailleurs duré autant de temps dans d’autres circonstances ? Tout cela n’a désormais plus aucun intérêt.
    Mais lorsque nous étions enfin réunis, nous savions à plus forte raison jouir de ce temps précieux qui était le nôtre. Nous passions nos journées à nous faire des offrandes, à nous cuisiner les meilleurs plats, à jouer, à manger, à rire et à boire, à faire l’amour. Nous ne cessions de nous remercier d’exister l’un pour l’autre.
    Il y avait des souvenirs, des réveils enlacés, des parfums de peau et la caresse des draps sous les lourdes couvertures bien chaudes. Des promenades le long des berges de la Saône bordée d’arbres aux feuilles d’or, brunes et orangées. Bras-dessus, bras-dessous, une main recroquevillée dans l’autre, les passants nous demandaient souvent si nous étions de jeunes mariés, et nous répondions que oui.
    Sur d’autres routes, nous décidions de la maison dans laquelle nous allions vivre. Il y aurait une pièce pour y peindre et une autre pour écrire. Et sans le sou, nous imaginions le grand jardin dans lequel les enfants crieraient de joie. Mais sans le sou, nous nous aimions, et nos baisers étaient tendres. Et ils étaient sacrés.
    Isaac m’arracha à ma torpeur d’un bon coup de coude. Du menton il me désigna le moineau qui nous servait et qui ne devait pas excéder les deux mois de taule. Suait sang et eau. Volait du zinc aux tables sans jamais lever le pied. Isaac l’observait tout sourire. – « Croyez que ça lui durera encore combien, toute cette santé ? » – Je haussai les épaules. Devinant du bout de la feuille que nous faisions allusion à lui, il s’approcha vivement pour nous demander si tout se passait bien. Isaac lui sourit et le pria de ne pas trop s’inquiéter pour nous. Il se saisit néanmoins de la bouteille posée sur la table et remplit nos verres avec empressement.
    Il se faisait tard. L’endroit ne désemplissait pas pour autant. Ballet des clients et des serveurs. Les yeux d’Isaac brillaient ; s’étaient allumés de ce feu que je reconnaissais immanquablement chez lui.
    Lorsqu’il avait un peu bu, que l’alcool lui avait bien réchauffé le fond de la panse, ça le parcourait comme un arc électrique. Vous pouviez alors le voir se tendre comme une anémone de mer, se tendre vers le seul but qui eût valu de venir au monde : être enfin seul, et sculpter en paix chez soi. Dès lors, il était vain d’essayer de l’entretenir de toute autre chose.

    « Allez-y, finis-je par lui glisser.
    – Pardon ?
    – Allez-y. Je vois bien ce que vous avez en tête. Ne vous en faîtes pas pour moi. »
    Il me sourit, comme pris de fièvre, écrasa sa cigarette au milieu des coquilles vides et sirota le reste de son verre avec agitation. « Et merci pour les huîtres, Adrien ! Mille mercis ! », bafouillait-il tandis qu’il fendait la foule comme l’étrave d’un navire. Je le saluai de loin.







    Merci à tout le monde.
    Thomas

  8. #8
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    Citation Envoyé par Allanfoe Voir le message
    Voici les seules pages que j'ai pu sauver.
    Comment ?

    Et la prochaine fois, pense à faire des sauvegardes : si tu les gères proprement, deux clés usb en alternance, c'est bien.

    Merci pour ce texte, que j'ai pris grand plaisir à lire (sauf les deux paragraphes ci-dessous dans lesquels c'est l'utilisation du passé simple qui m'a heurté : personnellement, j'aurais préféré un bon vieil imparfait, d'ailleurs il y est utilisé deux fois
    Citation Envoyé par Allanfoe Voir le message
    Arrivé à l’angle du pont de Sully et du quai de la Tournelle, je manquai de m’écrouler. M’épongeant le front, je décidai de prendre place à l’ombre d’un arbre sur la première terrasse que je trouvai. Je passai commande puis dégrafai minutieusement sa photo de ma veste. D’elle, c’était tout ce que je possédais.
    Je la défroissai lentement, passai et repassai les bords écornés avec grand soin.
    Citation Envoyé par Allanfoe Voir le message
    Merci à tout le monde.
    Thomas
    Merci encore à toi pour le partage.
    Il a à vivre sa vie comme ça et il est mûr sur ce mur se creusant la tête : peutêtre qu'il peut être sûr, etc.
    Oui, je milite pour l'orthographe et le respect du trait d'union à l'impératif.
    Après avoir posté, relisez-vous ! Et en cas d'erreur ou d'oubli, il existe un bouton « Modifier », à utiliser sans modération
    On a des lois pour protéger les remboursements aux faiseurs d’argent. On n’en a pas pour empêcher un être humain de mourir de misère.
    Mes 2 cts,
    --
    jp

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