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fcharton2
Tu le crois vraiment? Dans un monde où le travail est bénévole (pas obligatoire), qui fait les corvées? le sale boulot? Les trucs dont personne ne veut? Qui est croque-mort? Qui est serveur dans les restaus? Des bénévoles, vraiment? Ou des robots (ça va être drôlement convivial...)?
Et puis, qui s'occupe des choses difficiles ou risquées? Qui est chirurgien ou contrôleur aérien, ou policier? Des bénévoles, aussi?
Et pour aller plus loin, dans un monde où le travail est optionnel, quel intérêt a-t-on à étudier, apprendre les maths (c'est dur, les maths), l'orthographe, les sciences dures? Si on ne fait cela que "si on veut", il n'y aura pas beaucoup de clients, et ça va vite poser un problème pour trouver des bénévoles qui répareront les robots qui feront qu'on n'aura plus d'obligation de travailler.
Cette utopie, comme beaucoup d'autres avant elle, fonctionne probablement dans le monde des Sims ou au pays merveilleux des profils Facebook, où tout le monde est beau, brillant, volontaire et passionné de culture, d'art et de sciences. Dans le monde réel, où l'on s'écoute beaucoup, où l'on est un peu paresseux, et où l'envie est une forte motivation, j'ai comme un doute.
Mais ce genre d'idéologie est un formidable moyen de contrôle, et c'est peut être la plus belle victoire des classes dominantes. Les doctrines révolutionnaires ont toujours considéré le travail comme un moyen d'émancipation (c'est en prenant le contrôle des moyens de production que le prolétariat était censé s'émanciper, chez Marx). Là, on ne revendique plus d'émancipation, mais des loisirs, ce qui, à en juger par ce qui marche aujourd'hui, signifie des séries TV à volonté, des apéros Facebook tous les jours, et du candy crush et du call of duty à volonté. Je serais dictateur (ou banquier), je signerais tout de suite pour ce programme et ce peuple modèle (car abruti).
Sérieusement, chacun voit midi à sa porte, mais je crois qu'on est un certain nombre à ne pas trop rêver de cette société des loisirs, et des gens qu'on y rencontrera... Et je ne peux m'empêcher de constater qu'autour de moi, les gens qui font beaucoup de choses et qui ont des centres d'intérêts variés, ont souvent des vies professionnelles assez denses.
Francois
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