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fcharton2
Est-ce particulier au privé? Dans le public, les dirigeants sont souvent nommés sur des mandats assez courts, par des politiques qui ont également des mandats courts, et qui veulent des résultats rapides pour pouvoir communiquer dessus. Tout ceci crée la même tendance à raisonner à court terme, qu'il s'agisse de l'éducation nationale, où chaque ministre veut absolument laisser sa réforme, de l'armée, où l'on tape depuis des années dans l'investissement pour financer le fonctionnement, ou dans les services publics (cf l'entretien des réseaux SNCF et RATP, ou le recours au privé quand il faut investir sur les autoroutes...) Regarde le schéma des nominations à la tête des groupes publics: en général, on demande aux candidats un projet à long terme, mais on leur confie un poste pour trois ans... Le long terme, dans le public, c'est juste pour les promesses et les engagements.
Quant au privé, il y a eu dans le passé des groupes qui pensaient à long terme, très long terme, même. C'étaient les entreprises familiales (Michelin, Peugeot et les autres), qui pouvaient raisonner au delà de la génération. Ce genre de structure existe encore en Allemagne, mais chez nous où la transmission familiale est mal vue, donc une PME raisonne à un peu plus long terme qu'un politique, 10 ans, peut être 20 (enfin, quand ce n'est pas une start-up...), mais personne ne regarde beaucoup plus loin.
Ceci dit, est-il raisonnable de demander aux entreprises ou à l'Etat de penser à long terme dans un monde qui ne valorise que l'immédiat? Quand chacun est persuadé que le monde change très vite, que l'agilité est la principale qualité d'une entreprise ou d'un projet, quand on se sent placardisé si on n'évolue pas très vite (parce que les carrières sont de plus en plus courtes), et vieux professionnellement à 40 ans (quand on a commencé à travailler à 25), et quand toute situation qui dure est invariablement qualifiée de "rente", il n'y a pas beaucoup d'incitation à raisonner à long terme, non?
Francois
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