Envoyé par
r0d
Bon, puisqu'on est totalement hors sujet, je vais vous parler d'une discussion que j'ai eu récemment avec une amie épidémiologiste chez MSF. Il est question de virus, justement, et je trouve tout ça absolument passionnant.
Je lui ai posé la question naïve suivante: "Normalement, n'importe quelle espèce tente de survivre. Or un virus, en tuant son hôte, se détruit lui-même. Il y a donc un problème quelque part non?".
Et voici, en substance, de ce que j'en ai compris, et de ce que je parviens à retranscrire, ce qu'elle m'a répondu:
En fait, l'immense majorité des virus ne sont pas dangereux pour leurs hôtes. Chaque être humain héberge des millions de virus, et tout se passe bien globalement. Encore mieux, beaucoup de ces virus nous sont indispensables. Elle m'a par exemple expliqué que nos intestins ne sont pas vides. Ils sont remplis d'une sorte de soupe, qui est un mélange de bactéries, de virus*, et d'autres composés divers et variés. Ces virus nous aident à digérer, et bien d'autres choses.
Et donc, d'après l'état de l'art, il y a deux réponses à la question:
1/ Les virus dangereux sont en fait des organismes imparfaits, dans le sens évolutionniste (Darwin). C'est à dire que ce sont des espèces qui ne peuvent pas survivre en l'état, mais qui vont devoir évoluer (muter), jusqu'à devenir quelque chose de viable.
2/ Les virus nous transmettent leurs gènes. Là aussi c'est un point compliqué et je n'ai pas compris grand-chose, mais c'est une de leur particularité: ils ont des mécanismes qui transforment nos cellules de façon à ce que nous-même (re)produisions leurs gènes à eux. Ce point-là est aussi complexe que vertigineux, car ça signifie, entre autres, qu'une grande partie de notre génome vient de virus! Et donc, certains estiment que les virus se reproduisent de cette façon, et que c'est donc une façon de faire survivre l'espèce.
Et alors, je n'ai pas pu m'empêcher de réfléchir à quelques points, à partir de cette histoire de virus.
Tout d'abord, on voit bien ici que la collaboration entre espèce est nettement plus importante, en terme de survie, que la lutte inter-espèce. En politique, on nous présente souvent la lutte inter-espèce comme une sorte de patron (pattern) qu'il s'agit d'appliquer à la vie en société, et puisque c'est quelque chose de naturel, alors c'est forcément un bon modèle. Mais si on y regarde d'un peu plus près, on se rend compte assez rapidement que la collaboration inter-espèce est plus importante, en terme de facteur déterminant, que la lutte inter-espèce.
Ainsi donc, admettons que la nature soit un modèle dont il faut s'inspirer en politique. Je ne suis pas partisan de cette proposition mais admettons, pour la beauté de la chose. Alors donc, dans ce cas, il serait préférable de s'intéresser à la collaboration plutôt qu'à la compétition. Or quel est la caractéristique fondatrice des sociétés capitalistes dans lesquelles nous vivons? La compétition...
Ensuite, j'ai l'impression qu'il y a un autre enseignement politique à tirer de cette histoire de virus. Il s'agit du besoin de l'hôte et de l'évolution nécessaire. Tout organisme a besoin d'un hôte. Et si, quelle qu'en soit la raison, il arrive que l'hôte ne permet plus à l'organisme en question de survivre, alors il y a deux solution: soit l'organisme en question évolue (mute), soit il change d'hôte.
Je ne sais pas vous, mais l'idée d'aller habiter sur la Lune ou sur Mars ne m'enchante guère, si vous voyez ce que je veux dire...
* j'ai pas encore bien compris la différence entre virus et bactérie d'ailleurs.
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