C'est bien ce qui me fait m'interroger sur le côté pratique. Si pendant ces cinq ans la constituante réfléchit, qui dirige le pays? Une structure administrative, non élue? Selon quelle politique? (parce qu'il y aura forcément des décisions à prendre, cinq ans c'est long) Un programme à définir, mais qui n'est pas celui sur lequel on nous demande de nous prononcer? Et si le système futur s'avère un peu lent à la détente (parce que le recours au référendum, à la démocratie directe, ça peut être un facteur de ralentissement), qui expédie les affaires courantes?
Ce qui m'ennuie dans ce programme, c'est qu'on a l'impression qu'on nous demande un chèque en blanc pour un régime d'exception, à la durée imprévisible.
C'est possible si ce "quelque temps" est assez court. Voter en Mai, pour avoir une constituante en Juin, qui travaille l'été, rend un projet en Septembre, ce qui donne une élection en fin d'année, qui permet de voter le budget de l'année suivante, c'est certainement faisable.
Un délai plus long, ça semble difficile. Comment établir le budget de l'Etat et de la Sécu pour l'année suivante, on laisse l'administration décider (et probablement déraper)? Et si on le fait, n'est on pas en train de mettre en place un de ces régimes technocratiques dans lesquels le peuple palabre, mais où les décisions sont prises par la bureaucratie, dirigé par un comité non élu (qu'on l'appelle comité central, directoire, comité de salut public...)? C'est aussi plus facile quand l'économie va bien...
Je crois que ce qui gêne dans le débat sur la sixième république, c'est l'impression que la cinquième est moins malade de sa constitution que de ses politiciens, et que c'est au moment où le peuple n'a plus confiance dans ses politiciens et où les partis sont coupés du réel, qu'on voudrait les charger de nous concocter un nouveau système? Je sais qu'on ne change pas une équipe qui perd, mais quand même!
Francois
Partager