Envoyé par
fcharton2
En théorie, tout le monde est d'accord avec cela. Le problème, c'est la pratique, qui fait que chaque administration se construit son petit dossier expliquant pourquoi elle doit être sanctuarisée, pourquoi lui fait porter "tout le poids" de telle ou telle mesure serait une attaque indigne (contre l'écologie, la culture, les génération passées, les générations futures, les ragondins...), et qu'en fin de compte, cette méthode, qui consiste à y aller au cas par cas multiplie les grognes, qui font qu'en fin de compte le gouvernement cherche à bricoler.
Et on a le résultat sous les yeux.
Pour éviter de faire apparaitre certaines hausses d'effectif, on a multiplié les "agences", qu'on finance avec des taxes affectées, et les ministères, ce qui permet de diluer les dérapages.
Pour montrer que la fonction publique d'Etat fait des efforts, on a lâché la bride sur la territoriale (au nom de la décentralisation, c'est bien la décentralisation). Pour camoufler des hausses de dépenses de fonctionnement, on a réduit l'investissement, ou plutôt on l'a reporté sur des Partenariats Public Privé, en donnant des concessions à des grandes groupes (dont on feint de s'indigner aujourd'hui)
Et Bercy abuse d'une comptabilité créative qui ferait frémir n'importe quel auditeur : on calcule des "économies" par rapport à une "hausse prévisible", on y compte des recettes supplémentaires (c'est toute la magie des coups de rabots, qui transforment des recettes supplémentaires en économies, ou des crédits d'impôt, qui transforment en dépenses des recettes en moins...), et on assied tout cela sur des prévisions peu sérieuses, et des chiffres dont personne ne sait comment ils sont obtenus (les 50 milliards de baisses de charges du pacte de compétitivité, par exemple...)
Le problème, je crois, c'est qu'on est depuis pas mal d'années dans une culture du déni, où chaque administration consacre un temps important à tenter d'expliquer pourquoi il ne faut pas toucher à ses crédits. Pour essayer de faire un parallèle informatique, on est un peu dans la situation de ces projets de développement qui vont mal, et où chacun passe l'essentiel de son temps à essayer de justifier son utilité, ou la validité de son code. A un moment, ça devient tellement improductif que la seule solution est d'y aller brutalement.
Francois
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