Puisqu'on est de nouveau sur la finance, je reviens un peu en arrière.
Techniquement, c'est vrai.
Maitenant, il ne faut pas oublier que le fond de pension (ou tout autre investisseur) doit verser des rentes (dividendes ou pension), et que les volumes de rentes exigées ne cessent d'augmenter (la faute au veillissement démographique, et il n'y a vraiment pas d'autres solutions que de l'accepter ou de tuer les vieux—et on ne va pas tuer les vieux). En plus, il est nécessaire d'augmenter la capitalisation pour faire face à l'inflation et aux demandes croissantes de ses rentiers. Sans oublier les coûts de fonctionnement de l'investisseur.
De plus, ses actifs sont plus ou moins liquides (les obligations Françaises ne sont pas parfaitement liquides non plus), c'est-à-dire qu'on peut les convertir en monnaie mais pas en claquant les doigts et pas sans perdre une partie de leur valeur quand on en converti un gros volume.
Alors, oui, si le fond de pension est prêt à perdre une énorme partie de ses actifs, il pourrait prendre le contrôle de la dette Française puis l'échanger contre le licenciement de 2 millions de fonctionnaires, ou encore le passage d'une loi pour la GPA, ou au contraire l'abrogation du marriage homo, ou l'intervention en Syrie ou....en gros, vu les sommes en jeu, on pourrait obtenir énormement de choses. Mais cela coulerait sans doute le fond de pension de ton exemple!
Cela dit, aucun individu ne possède un fond de pension de cette taille, ou même une fortune qui ne ferait ne serait-ce-qu'approcher cet ordre de grandeur. Cela réduit grandement les chances d'une telle action d'éclat. Mais cela ne change rien au fait que les riches ont une influence énorme sur la politique, même si elle n'est jamais aussi ouverte et dramatique que dans cet exemple.
Par contre, cela n'a rien de nouveau. Au 19ème siècle, les propriétaires des mines, des usines, des chemins de fer, des compagnies de navigation etc, avaient déjà une influence prépondérante dans les affaires d'État. Le cas d'école reste la crise de 1907 aux États-Unis, où JP Morgan et quelques autres richissimes ont sauvé le pays de la crise, et bien sûr obtenu en remerciement un certain nombre de cadeaux du gouvernement; ou encore la déclaration Balfour, obtenue par Rothschild en échange de son soutien à l'effort de guerre. Ce problème n'a pas grand-chose à voir avec la capitalisation boursière: c'est un problème de propriété privée des moyens de productions. Que ceux-ci soient cotés en bourse ou pas. D'ailleurs, je pense que l'actionariat diversifié d'aujourd'hui rend ce pouvoir plus difficile à exercer, alors qu'avant, il suffisait que quelques personnes se réunissent pour faire la pluie et le beau temps.
P.S: on peut certes dire qu'il y a eu un mouvement du pouvoir économique, allant des propriétaires fonciers aux industriels puis aux financiers. Mais cela ne change pas grande chose: il y a toujours une classe possédante, et quel que soit le système politique mis en place (monarchie, démocratie, oligarchie..) cette classe possédante a un véritable pouvoir.
Partager